jeudi 16 avril 2015

L’Erudit Cheikh Mohamed El Hacen Ould Deddew affirme que l’esclavage historiquement pratiqué en Mauritanie n’est pas l’asservissement légalisé par l’Islam. Le célèbre théologien mauritanien estime dans une interview accordée au confrère Essirage qui sera publiée ce mardi 14 avril courant, que l'esclavage prévalent en Mauritanie n’est pas bienséant, qu’il est légalement inacceptable, précisant qu’il n’est pas celui, cité dans le Saint Coran et la Sunna.
"L'esclavage mentionné dans le Saint Coran et la Sunna dispose de règles précises, de pratiques et de droits clairs, d’éthique limpide" a-t-il dit, citant : "ne dites pas mon esclave homme ou femme, mais mon fils et ma fille, vos frères qu’Allah vous a donnés comme il peut en faire vos maîtres. Celui qui possède des frères, doit les nourrir de ce qu’il mange et les habiller de ce qu’il porte et ne pas exiger d’eux plus qu’ils ne peuvent, sinon les aider" a-t-il dit. Et d’ajouter : "La charia a apporté beaucoup de choses que nous n’avons pas vues pratiquer dans les rapports existants chez les esclavagistes dans ce pays." L’Erudit conclut en précisant ne criminaliser personne, affirmant qu’Allah est l’Unique à juger les ancêtres, indiquant que les victimes n’auront rien à craindre, qu’elles recouvreront leurs droits entiers, que les auteurs des injustices, s’ils ne sont pas expiés, payeront leurs abus. Essirage Traduit de l’Arabe par Cridem

mardi 18 novembre 2014

Qui est Biram Ould Abeid arrêté en Mauritanie?

Le Mauritanien Biram Ould Abeid a été interpellé une nouvelle fois mardi, avec au moins deux de ses camarades de lutte contre l'esclavage. Notre reporter Kossivi Tiassou l'a rencontré 48 heures avant son arrestation.
« ...Ma vie comme celle de mes semblables est façonnée par l’esclavage, non seulement l’héritage mais aussi les vécus quotidiens. » Biram Oud Abeid se définit toujours comme un descendant d’esclave. Dans son pays la Mauritanie, il est l'un des militants les plus virulents pour l'abolition totale de l’exploitation de l’homme par l’homme. « Comment l’Etat mauritanien peut prétendre combattre l’esclavage quand ce sont les victimes de l’esclavage qui partent en prison. Moi et mes amis nous peuplons les prisons, nous subissons cinq procès chaque année. Nous sommes toujours condamnés à de lourdes peines. » Biram Abeid qui vient d’être une nouvelle fois arrêté en compagnie d'au moins deux de ses compagnons de lutte est un habitué des geôles en Mauritanie. Il avait déjà été arrêté et condamné puis gracié en 2012 pour avoir incinéré un livre qu’il considérait comme faisant l’apologie de l’esclavage. Mais pour les dignitaires religieux mauritaniens, c'est un livre sacré… Une journée en compagnie de Biram L’homme est beaucoup sollicité. Il est 15 heures, Biram Abeid est de retour à la maison après une journée bien chargée comme d’habitude. L’homme apparemment affaibli par un coup de fatigue vient de recevoir en audience au siège de son mouvement IRA, une vingtaine de personnes, chacune venue le solliciter pour l’aider ou à aider un proche à sortir de l’esclavage. Mais décidément ce jeudi, la journée n'est pas de tout repos pour le leader abolitionniste. A la maison l’attendent aussi une dizaine de personnes, tous des harratines ou des Maures noirs. Parmi eux, Aziz venu solliciter l’aide de Biram pour la libération de sa mère : « Ma maman est une Hartani, elle est une esclave. Biram peut nous aider, on compte sur Biram pour libérer les esclaves. Inchallah avec Biram, on va changer la Mauritanie. » La maison de Biram Abeid est située dans le quartier PK dans la périphérie de la capitale, Nouakchott. Un quartier connu pour être peuplé en majorité de noirs mauritaniens à l’instar du leader abolitionniste. Ici, celui qui est surnommé « le chasseur d’esclavagistes » est un héros. Dans ce quartier, on retrouve notamment, des forgerons, potiers, cordonniers et même des griots. Ils ont en commun les mauvais traitements et injustices appliqués par les soi-disant nobles ou Blancs avec la complicité de l`Etat, dit-on ici. Les composantes ethniques mauritaniennes sont stratifiées en nobles et non nobles. Et parmi les non nobles, Meriem libérée il y a 2 ans grâce à l’intervention de Biram Abeid : « J’ai été esclave des années durant, mes parents m’ont abandonnée. Aujourd’hui, je suis une personne. Biram, c’est comme mon père. Il a fait de moi ce que je suis aujourd’hui... » Partout ces castes sont les plus dominées, les plus méprisées, et les moins considérées. Des cas comme celui de Meriem, on en compte des milliers selon Biram Abeid. Et bon nombre d’entre eux, sont sans acte d’état civil. Pour eux, lutte le chasseur d’esclavagistes Biram. Biram, un homme de renommée internationale Pour son combat, Biram a reçu des récompenses. Notamment le prestigieux prix allemand des droits de l’homme, « le prix Weimar» du nom de la ville de Weimar et est l’un des six lauréats 2013 du prix des droits de l’homme des Nations unies. Une récompense décernée tous les cinq ans par l’ONU à des personnes ou associations ayant œuvré pour la défense des droits humains dans le monde. Ekkehard Strauss est le représentant du Bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme en Mauritanie. « Biram est l’un des Mauritaniens qui apportent sa contribution pour l’abolition de l’esclavage. Il a été l’un des candidats à la présidentielle et obtenu près de 9%. Cela prouve que des anciens esclaves ou descendants d’esclaves peuvent participer à la vie politique du pays… » Biram qui a longtemps lutté au sein de « Sos esclave », une autre ONG anti-esclavagiste a fondé en 2008 son organisation, l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste, IRA-Mauritanie. Une initiative qu'il définit comme « une organisation de lutte populaire ». Mais en Mauritanie, Biram Abeid est un homme controversé. Il a été candidat à l'élection présidentielle de juin dernier. Ses détracteurs pointent du doigt son tempérament et son caractère réactionnaire. Avec son entrée en politique, beaucoup ont vu une façon de monnayer sa popularité. L’analyse du journaliste et philosophe, Kissima Diagana : « Jusqu’à Biram, on peut dire qu’il y a plusieurs acteurs des droits de l’homme qui ont cherché à combattre l’esclavage. Mais le style de Biram est nouveau. Nouveau style pourquoi ? Parce que c’est un style qui est perçu par beaucoup de gens ici comme un style très agressif, très violent. Sa personnalité, c’est la personnalité d’un homme qui a pris beaucoup de risques allant jusqu’à des confrontations physiques avec les forces de l’ordre. Il faut dire aussi qu’à un certain moment, quand une personnalité de la société civile et ou une personnalité publique commence à avoir une certaine notoriété, il peut lui échapper le réalisme. Il est arrivé à un certain moment au sein de son mouvement, à s’engager politiquement, d’où la création d’un parti politique qui n’a pas été encore reconnu. Au-delà de ce parti, il a saisi l’occasion offerte par la dernière élection présidentielle pour être candidat. Il est arrivé deuxième, ce qui va être pour lui un succès. Il a récupéré un espace politique qui avait été boycotté par les principaux leaders politiques. » La grande surprise de la dernière présidentielle a été le score réalisé par le candidat indépendant Biram Dah Abeid. C'est à dire les 9% des voix. Deutsche Welle

lundi 17 novembre 2014

Birame Ould Abeid : «Je ne cautionnerai jamais la lutte armée»

Mozaïkrim - Quelques jours à peine avant son arrestation, Birame Ould Abeid, rappelait les fondements de sa lutte, qu'il «dit et persiste pacifique», confortablement installé dans un fauteuil, chez un ami d'IRA dans Nouakchott où il reçoit désormais pour ses entretiens. «Les journalistes qui sortent de chez moi sont fliqués et leur matériel confisqué» s'amuse-t-il presque. Entretien.
Vous avez eu 9% aux dernières présidentielles mauritaniennes. Comment analysez-vous ce score? C'est un très bon score, vu les barres de fer qu'on nous a mis dans les roues ! Vu le peu d'argent qu'on a pu mobiliser, les fraudes massives dans les localités où nous n'avons pas pu nous déplacer, c'est un beau score. Je m'explique : Je dénonce la Société Générale en Mauritanie comme une succursale favorisant la domination d'un système d'état basé sur l'exclusion, à la tête duquel se trouve aujourd'hui Mohamed Ould Abdel Aziz. Durant la dernière campagne présidentielle, cette institution bancaire a tout fait pour faire capoter les dons qu'on nous envoyait sur le compte qu'on avait ouvert là-bas, en supposant a priori qu'elle serait éloignée des magouilles locales. Les dons n'ont pas été acceptés. Ce sont les donateurs eux-mêmes qui nous ont prévenu. La banque a avancé l'argument bureaucratique éculé, surtout dans ce contexte, «d'éléments manquants au dossier du compte». Mais le plus grand problème est que la banque exigeait de nous ce qu'elle n'exigeait pas des autres candidats ! Finalement le compte n'a pas été ouvert. Ce manque d'argent ne nous a permis de compétir que sur 1/3 du territoire national ! Avec cela, et le manque d'élus locaux (on nous a empêché de nous présenter aux dernières élections locales), et un pouvoir qui utilise les moyens de l'état, on a fait 9%. Car vous devez savoir que les urnes ont été bourrées dans les deux autres tiers du pays où nous n'avons pas pu être présents. Dans le tiers du pays où on a pu vérifier le comptage des urnes, on a fait entre 30 et 50% à chaque bureau ! C'est seulement la spontanéité des populations qui me soutenaient, qui m'ont permis d'avoir ce score national de 9%. Dans ce contexte, je dis oui que c'est un bon score. Où en est la lutte contre l'esclavagisme au niveau judiciaire ? Malgré la criminalisation de l'esclavage, les esclavagistes sont soustraits à toute sanction, même quand ils sont traînés devant les tribunaux. En ce sens aussi, les bailleurs de fonds, et les partenaires internationaux doivent savoir que l'état mauritanien refuse de distribuer les sommes importantes qu'il collecte par rapport à la lutte contre l'esclavage et ses séquelles. L'essentiel est détourné et ce ne sont pas les victimes qui en bénéficient. Toutes les institutions créées par l'état, pour lutter soi-disant contre l'esclavage, engraissent davantage les esclavagistes, et ne servent en aucun cas à soulager la détresse des esclaves libérés. Vous évoquiez en privé le soutien occidental au régime actuel... Le système d'appartheid actuel en Mauritanie tient surtout par le soutien occidental, de la France et des USA essentiellement. Si l'aide militaire, économique et diplomatique de ces pays à la Mauritanie cesse, le pouvoir va s'équilibrer. L'erreur de ces pays est qu'ils fondent la présence de Mohamed Ould Abdel Aziz, comme une condition de leur sécurité d'avant-garde quant au terrorisme dans le Sahel. Comment fermer l'oeil et soutenir la confiscation des libertés de la majorité d'un peuple, pour une stratégie aussi légère ? Mais ce pouvoir développe les extrémismes et les obscurantismes les plus dangereux. C'est quand même ce pouvoir qui le premier a utilisé l'arme de l'excommunication religieuse et l'accusation d'apostasie ! A partir de laquelle, en conseil des ministres, le 4 mai 2012 il m'a condamné à mort. Quelle différence idéologique entre ce système et celui de Daheich et Boko Haram ? Des voyous enveloppés des habits de la foi, c'est tout. Et cela il l'a répété devant les ambassadeurs accrédités en Mauritanie invités par ses soins, dont ceux des USA, de l'union européenne et de la France. Il a dit que je méritais la mort au regard de l'Islam. Aucun ambassadeur occidental n'a pipé mot et rappelé les principes de son pays. La liberté de conscience, la prohibition de la peine de mort... Quel enseignement, ou expérience du milieu carcéral, tirez-vous de vos différents séjours dans les prisons mauritaniennes ? Lors de mon dernier séjour à la prison, il y avait 700 prisonniers sur 1800, venus là car quelqu'un avait porté plainte contre eux. Tous étaient noirs : haratines, noirs-mauritaniens ou étrangers. Plus tard nous avons épluché la liste des plaignants, et tous étaient des arabo-berbères ! Faites maintenant le tour des prisons mauritaniennes : aucun arabo-berbère n'a jamais été en prison à cause de la plainte d'un Haratine ou d'un noir-mauritanien. Comment expliquer cela sinon par la discrimination ? On vous dit extrémiste vous-même, dans votre discours particulièrement et vos prises de position. (sourire). Ai-je déjà cassé ou exhorté à casser ? Ai-je déjà blessé, tué ou exhorté à le faire ? Jamais et je ne le ferai jamais. Je ne cautionnerai jamais la violence, ou la lutte armée. Mais sinon le discours est violent, de rupture totale, parce que la situation que vit la plus large frange la population mauritanienne est violente ! Elle vit dans la misère, l'exclusion et la discrimination, qui fait d'elle des citoyens de troisième zone, derrière même les étrangers arabes qui vivent en Mauritanie ! La tension actuelle que subit la société mauritanienne est du fait du système en place qui résiste aux revendications légitimes d'égalité, de justice d'une majorité écrasée. Et j'ai peur qu'à la longue cette résistance ne soit suicidaire. Il y a un embryon de prise de conscience des couches pauvres, qui se disent ne plus rien avoir à perdre, notamment dans les quartiers périphériques, où il y a littéralement non-assistance à populations en danger, laissées à leur sort. Tout pourrait bien se passer, mais avez-vous jamais vu dans l'histoire de tous les peuples, et de tous les temps, une couche sociale, une caste, céder librement, joyeusement des privilèges iniques qui écrasent la masse. Je serais heureux de voir une exception mauritanienne. Donc c'est de la mauvaise foi et de la démagogie de me traiter d’extrémiste parce que je pose simplement et franchement le problème de l'injustice en Mauritanie, du racisme d'état plus largement. Il y a 35 ministres, et 30 arabo-berbères parmi eux ; il y a 54 préfets, et 52 parmi eux sont arabo-berbères ; il y a 13 gouverneurs, 12 parmi eux sont des arabo-berbères. A quoi tient cette discrimination, ce racisme d'état, érigé en système ? Sont-ils plus nombreux ? Non. Sont-ils plus compétents ? Non. Sont-ils plus moraux ? Non. Pourquoi cela ? Quand on aura répondu à cette question cruciale qui crée les conditions propices à des tensions sociales extrêmes, alors on commencera à avancer ici.

Mauritanie: Biram Dah Abeid et d’autres militants anti-esclavagistes emprisonnés

Un des pires endroits au monde où naître noir se trouve en Afrique occidentale. Il a pour nom Mauritanie, l'un des rares pays où l'esclavage existe encore, en 2014. Des noirs peuvent y être donnés en cadeaux, peuvent être privés de leur terre sans aucune forme de compensation et des enfants séparés de leurs parents par leurs maîtres arabes. Le 11 novembre des militants des droits humains qui sillonnaient le pays pour dénoncer ”l'esclavage foncier” ont été arrêtés. J'ai écrit un billet intitulé Des militants arrêtés et torturés pour avoir dénoncé ”l'esclavage foncier” en Mauritanie pour le réseau globalvoicesonline.org, que je vous propose ci-dessous. Biram Dah Abeid, Président de ’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA dont la page Facebook regroupe 5 035 “mentions J’aime”) ainsi que plusieurs autres défenseurs des droits humains en Mauritanie, ont été arrêtés et détenus depuis le 11 novembre 2014. Certains ont été torturés. Ce militant est lauréat du Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme pour 2013 ainsi que de celui du Front Line Defenders At Risk en 2013. Il avait organisé une caravane de sensibilisation pour sillonner le pays de village en village, en tenant des conférences afin de dénoncer ”l'esclavage foncier”, un système qui transforme les membres de la communauté hratine en ouvriers agricoles sur leurs terres ancestrales. L'IRA-Mauritanie est bénéficiaire, en 2014, d'un micro-crédit de Rising Voices pour la formation de 35 anciens esclaves dans l'utilisation des réseaux sociaux. Les autres participants à la caravane qui ont été arrêtés sont: M. Brahim Bilal Ramdhane, M. Khattri Rahel, M. Dah Boushab, M. Abidine Matalla, M. Samba Diagana, M. Hassane Mahmoud, tous membres de l'IRA, ainsi que M. Djiby Sow, président de l'ONG Kawtal, ONG partenaire de l'IRA. Dans un billet sur son site, une Fondation Internationale pour la protection des défenseurs des droits humains Front Line Defenders fait savoir que: Le 11 novembre 2014, le défenseur des droits humains M. Biram Dah Abeid et au moins huit autres défenseurs des droits de l'homme ont été arrêtés par la police et se trouvent actuellement arbitrairement détenus. Sept d'entre eux sont membres de Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie – IRA, une organisation qui œuvre pour l'éradication de l'esclavage en Mauritanie…. La caravane a publié régulièrement un bulletin décrivant ses différentes étapes sur un blog portant le nom du Président biramdahabeid.org. Dans le premier billet, on peut lire: La caravane contre l’esclavage foncier sillonne la vallée du fleuve Sénégal depuis le 7 novembre malgré le boycott organisé de la presse. Aujourd’hui, dimanche 9 novembre 2014, elle se trouve à Rabie où elle tient présentement un meeting populaire sous la présidence du vice président d’IRA-Mauritanie Brahim Bilal Ramdhane, en présence de Djiby Sow président de l’ong Kawtal Djélitaré, Balla Touré et d’autres personnalités.“> Le No. 6 du bulletin, publié ce 14 novembre, fait savoir que Brahim Bilal RAMDHANE, Dah BOUSHAB et Khattri RAHEL, ont été physiquement torturés et humiliés par les forces de sécurité.
Dans un communiqué de presse du mercredi 12 novembre Amnesty International, tout en exigeant la libération des militants, déclare: Ces arrestations s'inscrivent dans une répression croissante visant les militants anti-esclavagistes en Mauritanie. En octobre, quatre membres de l'IRA ont été appréhendés dans la plus grande mosquée de Nouakchott, la capitale, alors qu'ils réagissaient à des critiques formulées contre leur organisation. Ils ont été accusés d'avoir perturbé le déroulement des prières et incité à la révolte, entre autres charges. Ils sont maintenus en détention sans jugement. D'autre part, la Fondation Internationale pour la protection des défenseurs des droits humains, Front Line Defenders signale que: … depuis leur arrestation, leurs téléphones ont été confisqués, et les détenus se trouvent actuellement isolés sans aucun contact avec l'extérieur et sans pouvoir parler à un avocat. Les informations reçues indiquent que certains d'entre eux sont détenus à la gendarmerie et d'autres à la direction de la sûreté. Plusieurs associations abolitionnistes, dont le Collectif “Touche pas à ma nationalité” condamnent ces arrestations et exigent la libération de tous les militants. Le collectif Touche pas à ma nationalité signale par ailleurs des violences que ses membres ont subies dans la capitale, Nouakchott, lors d'un rassemblement de soutien à la caravane, le 11 novembre. Ibou révèle dans un billet paru sur rimweb.net un document photocopié officiel ces violences des forces de l'ordre suivi de l'arrestation des militants est venu de très haut. Dans son commentaire, il ajoute: La source sécuritaire, qui a requis l’anonymat, a ajouté que les autorités administratives dans cette ville du sud de la Mauritanie ont reçu l’ordre de haut lieu d’interdire à cette caravane d’IRA d’entrer dans la ville. A 15km de Rosso, une unité de la gendarmerie avait intercepté la caravane et expliqué qu’elle lui assurera une protection jusqu’au dépassement de la capitale du TRARZA. La source a affirmé que la gendarmerie a informé l’Initiative pour une résurgence d’un mouvement abolitionniste en Mauritanie que sa caravane peut traverser la ville mais sans y organiser de meeting parce qu’elle ne dispose pas d’autorisation de la part des autorités. Les responsables de cette caravane, à leur tête le président d’IRA, Biram Ould Dah Ould ABEID, ont alors déclaré qu’ils refusent de telles consignes et sont prêts à sacrifier leurs vies pour organiser un meeting populaire à Rosso, procédant même au blocage de la route Rosso-Boghé. L’unité de gendarmerie a alors arrêté Biram Ould Dah Ould Abeid et certains de ses compagnons et procédé à la dispersion des autres participants à la caravane. Dans un message au peuple mauritanien, depuis le lieu de sa détention, Biram Dah Abeid, qui a été candidat aux dernières élections présidentielles, invite les militants et militantes de l’IRA, ainsi que tous ceux des autres mouvements abolitionnistes à inscrire leurs actions et leurs propos dans l’engagement civique et pacifique. Il ajoute: D’autre part j’envoie le message suivant aux autorités : J’aspire à être jugé pour tous les chefs d’inculpation que les laudateurs, les esclaves du faux témoignage, les racistes et les esclavagistes aigris n’ont cessé de me coller dans les médias de l’Etat, dans d’autres médias esclavagistes, racistes, et dans les mosquées. Nous sommes animés de l’esprit du sacrifice qui nous confère de résister moralement à toute condamnation même à mort car nous dédions notre vie pour les opprimés, pour les humbles, pour la démocratie» Le 13 novembre 2014, les diasporas mauritaniennes en Amérique du Nord et en Europe ont publié un communiqué dans lequel elles déclarent notamment: Le succès de cette campagne et la mobilisation des populations locales ont fait peur au gouvernement qui a alors décidé de réprimer ces défenseurs des droits de l’homme lors de l’étape finale de la caravane. En effet, arrivés à Rosso le matin Mardi 11 Novembre 2014, ces militants furent accueillis par les forces de sécurité mauritaniennes qui procédèrent aux arrestations ; tous les arrêtés demeurent privés de tout contact extérieur. A plusieurs occasions les organisations abolitionnistes ont alerté l'opinion nationale et internationale sur le danger de guerre civile que court la Mauritanie à cause de “l’alignement systématique des autorités étatiques sur la position et les intérêts des oppresseurs, et exhorte à l’éradication de l’esclavage foncier qui mine la cohésion sociale du pays”. Biram Dah Abeid a été incarcéré plusieurs fois, dont la dernière a été en 2001 parce qu'il avait brûlé des ouvrages religieux, légitimant l’esclavage provoquant la colère des religieux et de la classe politique. Les autorités avaient menacé d’appliquer la sharia. Face à un pouvoir sourd, sa tactique en manière de politique est caractérisée par des positions tranchantes, des transgressions des tabous et des actions souvent considérées comme hérétiques. C’est pour cela que ses actions ont été systématiquement condamnées par des appels aux meurtres et par des arrestations de ses militants. Un groupe “LIBEREZ Biram Ould Dah Ould Abeid” créé sur Facebook a déjà 1384 membres. Abdoulaye BAH http://konakryexpress.wordpress.com/

mardi 14 octobre 2014

Les autorités mauritaniennes et l’esclavage en Mauritanie 2008 – 2013

L’autre identité humaine en Mauritanie Chers amis, je suis avec vous aujourd’hui pour parler de la Mauritanie ; le pays de beaucoup parmi nous ici. La Mauritanie de l’esclavage, la Mauritanie de la perpétuation de la honte humaine mais aussi, chers concitoyens et amis de la Mauritanie, du déni. J’ai honte, et je sais que vous avez honte et que vous êtes touchés, très touchés mais c’est la réalité, notre réalité que personne d’entre vous ne peut ignorer et ne peut contredire. En Mauritanie, on n’est pas encore au 21 siècle. Ici et là, chez nous en Mauritanie, il y a l’esclavage. Dans ce pays, la Mauritanie, pourtant signataire de la quasi-totalité des Conventions pour le respect de la dignité de l’homme, les hommes ne naissent pas égaux. Diverses formes d’esclavage On entend par esclavage en Mauritanie l’utilisation de l’homme par l’homme. Des hommes et femmes qui travaillent gratuitement pour d’autres qui sont considérés comme leurs maitres. La privatisation de l’être humain. L’esclavage est par ascendance ; il est domestique, sexuel et moral. L’Administration Territoriale et l’esclavage Les walis (Gouverneurs) et les Hakems (Préfets) sont inféodés aux chefferies traditionnelles. En complicité avec les esclavagistes et les féodaux, l’autorité régionale agit et délibère. L’esclavage est occulté ou encouragé. La police judiciaire et l’esclavage J’entends par police judiciaire la police nationale et la gendarmerie nationale. C’est la première institution étatique qui reçoit et instruit les dossiers relatifs à ce phénomène comme toutes les autres affaires des citoyens plaignants. Jamais ces corps n’ont daigné s’occuper impartialement du phénomène de l’esclavage. Dans tous les cas, ce sont les victimes d’esclavage qui sont inquiétés et les esclavagistes soutenus … A chaque fois et pour tout cas d’esclavage, il a fallu des sit-in des abolitionnistes (des sit-in parfois réprimés et des militants interpellés, tabassés, torturés, emprisonnés, jugés et condamnés, pour que la police essaye de faire un semblant d’enquête qui n’aboutit généralement à rien devant le tribunal. Esclavage et acteurs politiques et religieux Par leur silence et/ou leur interprétation de l’Islam, l’esclavage est encouragé, légitimé, codifié et sacralisé. Pour rappel, l’islam intime l’ordre à l’homme d’être libre, car il n’autorise l’adoration que pour Dieu. C’est dire que l’islam ne conçoit de statut de maitre que pour Dieu. Les acteurs religieux et politiques qui sont toujours prompts à réagir aux événements dans les autres parties du monde comme la Palestine, Syrie et autres, n’ont jamais clairement évoqué ou combattu l’esclavage en Mauritanie, au contraire ils mènent de temps à autre des campagnes de diabolisation contre les abolitionnistes et produisent des prêches et des déclarations appelant au meurtre contre les anti-esclavagistes. Et pourtant, on soutient que la Mauritanie est musulmane à 100%. L’esclavage et l’appareil judiciaire De 2008 à nos jours, sur plus de 18 affaires de pratiques d’esclavage avérés, ce sont les plaignants qui ont payé un lourd tribut devant les tribunaux plutôt que les présumés coupables. Un appareil judiciaire indépendant est l’apanage d’un Etat de droit respectueux de ses propres lois ; la Mauritanie, elle, n’en est pas encore là. La justice mauritanienne est encore très loin sur le chemin de l’indépendance, car l’exécutif interfère dans l’appareil judiciaire. Mes amis voilà un peu le décor de la situation des institutions qui interviennent dans la gestion de ce phénomène mais aussi celle des acteurs politiques et religieux. Vous en déduirez vous-même la délicatesse de l’engagement des militants abolitionnistes. Oui, en Mauritanie on n’a pas tous les mêmes droits, on n’a pas tous droit à la terre de culture. Oui en Mauritanie, les patronymes et les tribus sont déterminants comme valeurs ajoutées à l’existence de l’homme mauritanien. La société mauritanienne, avec et par la volonté de ceux qui nous gouvernent, reste encore archaïque et moyenâgeuse. Les esclavagistes et les féodaux se partagent le bonheur du pays. On assiste tout simplement à la transposition des pouvoirs traditionnels déphasés et iniques à la gestion de l’Etat. La pratique d’esclavage connait dans notre pays plusieurs formes, selon les communautés : dans la communauté beydhane sur laquelle les yeux sont rivés ces derniers temps avec les actions des militants antiesclavagistes, le phénomène est vivace, actuelle et dans sa condition primaire. L’homme comme objet, un robot à tout faire mais aussi comme un instrument sexuel. La population la plus affectée est la gente féminine mais aussi les enfants à bas âge des Haratines. Pour la consommation internationale, la Mauritanie a mis en place des outils juridiques novateurs contre ce phénomène. La loi de 2007 qui a été précédée par d’autres instruments juridiques comme celui de 1969 (circulaire du ministre de la justice de Moctar Ould Daddah), l’ordonnance de 81 (sous l’ère Haidalla), et initié un programme pour soulager la misère de ces populations dont le pouvoir d’Abdel Aziz dit qu’elles ne souffrent que des séquelles de l’esclavage. Paradoxalement dans ce pays où on s’interdit la vérité, on continue à nier l’existence de ce phénomène, et à l’issue du récent dialogue politique entre une partie de l’opposition et la majorité présidentielle avec la bénédiction de Mohamed Abdel Aziz, on a porté l’interdiction de l’esclavage au préambule de la Constitution. Pourquoi alors introduire la criminalisation dans la loi fondamentale du pays d’un phénomène qui officiellement n’existe pas ? C’est dire que le principal mal de la Mauritanie continue d’être cette hypocrisie congénitale qui nous taraude. Le mensonge qui est devenu un mode de gestion des affaires du pays. Ces principes fondateurs de nature à civiliser notre société ne sont jamais appliqués. Les affaires d’esclavages présentés à la justice sont là pour témoigner de la désuétude des lois mauritaniennes. Elles sont bonnes pour les tiroirs et pour servir auprès de la communauté internationale. Vous allez m’interroger certainement sur les résultats du programme d’éradication des séquelles de l’esclavage. Le régime de Mohamed Abdel Aziz a lui-même répondu sur la non-efficience de ce programme pour les ayants droits car il est de coutume de magnifier les actions du régime et surtout de les utiliser contre les opposants. Si la Mauritanie ne souffrait que des séquelles de l’esclavage et qu’une action du gouvernement est menée contre le phénomène, on aurait utilisé les bénéficiaires contre les abolitionnistes. Car en ce moment le pouvoir n’a pas besoin de chercher les fatigués ou sous-fifres au sein de IRA pour faire dissidence. Non, la Mauritanie est une République Islamique où sévit l’esclavage. Des sous hommes et leurs maîtres … et cela dans certaines proportions dans toutes les communautés. L’esclavage des Haratines Durant la dernière semaine du mois de février, avec l’aide de l’ONG SOS-Esclaves, Matala a pu retrouver et libérer toute sa famille (Une famille de neuf membres tenus en esclavage, dont des enfants mineurs). Cela intervient au moment où les dossiers des esclaves de Guerrou et Dar Naim (Nouakchott) sont pendant devant la justice ou tout simplement restent sans issue favorable pour les esclaves. Leila Mint Ahmed (l’épouse du leader abolitionniste Biram Dah Abeid), par le double langage et la démission de l’Etat mauritanien, est maman aujourd’hui de plusieurs enfants mineurs et adolescents (une dizaine), libérés du joug de l’esclavage par l’ONG IRA-Mauritanie. Les cas pendants devant la justice sont très nombreux. Pour camper le décor, je vais vous citer deux exemples : De ces enfants chez Leila, je vous cite Said et Yarg. C’était en avril 2011 où, pour sauver ces deux jeunes garçons de l’inhumanité, que les militants antiesclavagistes ont franchi une nouvelle étape dans la recherche de la justice en menant une grève de faim pendant trois jours. Si le jeune SAID, âgé d'environ 14 ans, a pu fuir ses maîtres quelque part dans la région du Brakna, c’est par l’action des militants que la police a été contrainte de mener une enquête pour récupérer son petit frère Yarg (10 – 11 ans). Le verdict du 20 novembre 2011, prononcé par la Cour Correctionnelle de Nouakchott, condamna un seul membre de la fratrie de 5 personnes à 2 ans de prison ferme dont il purgera qu’un seul alors que la loi prévoit au moins cinq ans de prison pour le crime de pratique qui était retenu contre lui. Le cas Mbarka : La petite domestique ou l’instrument sexuel de toute une famille Cette esclave, libérée grâce à l’organisation IRA, raconte : « Notre maîtresse a prétendu avoir besoin de moi pour de petits travaux domestiques, étant entendu que pour elle nous sommes tous sa propriété privée car notre maman est son esclave, et il est tout a fait normal qu’elle dispose de nous comme elle veut ! ». Et d’ajouter : « Je suis la dernière à dormir et la première à se lever ». L’histoire de Mbraka, la petite domestique ne s’arrêtera pas là car elle est aussi un instrument sexuel. Elle raconte « Un jour, mon maître…. se lève et me demande de lui masser les pieds. C’est ensuite qu’il m’intime l’ordre de m’approcher et se couche sur moi contre ma volonté ». Chers amis, oui, c’est dur et cruel, mais aussi cru…. Et d’ajouter : «Oui, il a récidivé tant de fois. J’ai même su par la suite que son épouse était informée de ses forfaits, mais elle n’en pas fait cure ». Je suis tombée enceinte et ils ont gardé le silence sur mon état et ont refusé de reconnaitre l’enfant. Après le père, c’est le fils aîné, qui était aussi marié, qui a pris le relais », conclue la désormais jeune dame et ex-esclave libérée par IRA-Mauritanie Vous savez pourquoi la femme de son maître, même au courant, laisse son mari continuer ses forfaits ? Parce que MBarka est une esclave et on ne doit pas être jalouse d’une esclave… Pour son mariage. Mbarka dit : « Je me suis mariée ; un mariage qui sera de courte duré car mon mari voulait m’amener chez lui en brousse où il vivait ; ce que mes maîtres refusèrent. Ainsi, il a disparu pendant longtemps. Alors, je lui ai envoyé un message pour l’informer de mon mécontentement. Il a accepté mes exigences espérant que notre mariage puisse continuer. Il m’a envoyé une somme de 30.000 UM que mon maître m’a remise en trois tranches et à des moments différents. C’est ce dernier, qui viendra me voir porteur de la lettre de divorce ». Ainsi, l’esclave est domestique mais aussi un objet sexuel qu’on peut faire marier et faire divorcer ; c’était le cas de Mbarka Mint Essatim qui a été libérée par les abolitionnistes dont l’un est dans la salle ; je le salue au passage. L’esclavage dans le milieu négro-africain Dans la communauté négro-africaine, si la pratique de l’esclavage en tant que tel a pratiquement disparu, ses séquelles restent encore vivaces. La communauté des anciens esclaves dans la société négro-africaine souffre de la stigmatisation et des stéréotypes. L’ancien esclave n’a pas droit à la terre de culture. Ces gens, considérés inferieurs, ne peuvent prétendre aux chefferies traditionnelles. Pour cette communauté, à l’image de ce qui se passe chez les Haratins, travailler pour ses « maîtres » est un acte islamique qui va être récompensé au jugement dernier. Les mariages sont proscrits entre les groupes sociaux ou castes, car les nobles se considèrent supérieurs aux anciens esclaves. Un exemple se passait dans vos murs, ici à Paris, il y a quelques années. Toutefois, plus riche et plus lettrée, la nouvelle génération s’émancipe du joug communautaro-traditionnel et ne peut plus être réduite à l’esclavage. Dans certains villages, le mot esclave ne peut plus être prononcé. C’est dire que le complot du système esclavagiste et féodal, encouragé et soutenu par l’Etat, est entrain de prendre un rude coup dans certains segments de cette communauté. Comment finir avec l’esclavage La question mérite d’être posée et la réponse est trop simple. Pour commencer, le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz doit finir avec le double langage. En Août 2011, à l’occasion d’un show radio télévisé, le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz, disait en réponse à ma question : « S’il y’a des esclaves, en tout cas moi, je ne les vois pas. Je suis sûr que cela n’existe que dans l’esprit de celui qui veut les créer pour des raisons qui lui sont très personnelles. Ce sont des gens qui véhiculent des choses qui n’existent pas, pour d’autres fins que nous connaissons ». On ne peut pas faire des lois pour punir une pratique et en même temps dire que cette pratique n’existe pas. C’est dire que la reconnaissance officielle de ce phénomène pourrait être un début d’une volonté politique pour finir avec cette tare. Il est absolument nécessaire que l’esclavage soit aboli dans les livres qui représentent la référence pour l’Etat et les différents corps qui la composent ; les livres prétendument islamiques, et, qui ne sont en fait qu’un code d’esclavage des temps moyenâgeux, des livres écrits entre le 9e et le 15e siècles après J-C et que le président d’IRA a incinéré symboliquement le 27 avril 2012 pour attirer l’attention et de la communauté internationale et du monde musulman sur le forfait qu’ils contiennent ; codification de la vente d’être humains, la castration, le viol, le travail forcé….Ces livres restent hélas, la base de la formation des magistrats en Mauritanie, des officiers de police judiciaires, des administrateurs, des imams, et des érudits ; ces livres restent aussi inscrits dans la constitution mauritanienne comme principale source de loi. Mais aussi, l’application des lois en vigueur et en la matière. Ces actions doivent être accompagnées par une action d’un programme national de sensibilisation contre cette pratique et la vulgarisation des lois criminalisant ces pratiques. Et pour ce travail, l’homme mauritanien libre doit prendre son bâton de pèlerin pour mener campagne car la liberté des esclaves ne peut provenir seulement de l’Etat. En effet, tant que l’Etat n’est pas en face de la nécessité de libérer les esclaves, il ne le fera pas. L’exemple des Etats-Unis et de Haïti sont là pour nous édifier. Paris - Massy, le 30 mars 2013 Camara Seidi Moussa, journaliste mauritanien

samedi 11 octobre 2014

Une camerounaise dans la tourmente en Mauritanie

TchetmennJabo /Huguet, 38 ans, est une citoyenne camerounaise  en Mauritanie depuis une année avec ses deux  enfants nés de père mauritanien  du nom de Sidi Abdoullahi  Lematt. Le papa des deux enfants est décédé il y a deux ans au Cameroun.
Sur demande pressante des parents de son défunt époux, Madame  Huguet est venue en Mauritanie et a décidé de rester avec la famille de ses enfants (Tankua /selmoua Sidi Abdoullahi (9ans) et Mohamed Mahmoud Sidi (3 ans)) pour assurer ensemble leur éducation.
La femme ne s'entendant plus avec ses beaux parents a cherché à s’affranchir de leur tutelle pour vivre dans son coin à Nouakchott ou ailleurs avec ses enfants. Mais la famille soupçonne que la veuve de Sidi Abdoullahi n’ait l'intension de fuir le pays avec les enfants. Ce prétexte suffit comme motif à la famille pour mettre tout en œuvre afin d’arracher les deux enfants à l’affection maternelle.
La veuve Huguet demande assistance et appui à l’Organisation abolitionniste IRA-Mauritanie pour se libérer du joug d'une famille qui devient encombrante pour elle et l’avenir de ses enfants.
IRA-Mauritanie constate que les autorités judiciaires ont trainé les pieds avant que le procureur ne décide du renvoi de cette affaire devant le Cadi du département de Toujounine.
IRA-Mauritanie se demande pourquoi celui là, alors que l'affaire devait relever de la juridiction du département du Ksar.
Un représentant de l’ONG IRA a assisté à ce qui devait être une audience avec le cadi de Toujounine. Il a aussi servi d'interprète entre la plaignante et le juge qui semble être résolu, comme la routine, à aider la famille à arracher les enfants de leur mère prétextant que celle-ci n'est pas musulmane. Alors que pour elle,  elle est bien musulmane.
IRA, fidèle à  ses engagements dans la lutte pour les droits de l'homme et la justice pour tous :
-          dénonce cette parodie de justice inféodée au pouvoir raciste et xénophobe dont est victime Madame Huguet ;
-          demande aux autorités mauritaniennes d'appliquer les lois en vigueur dans ce conflit familial

-          et interpelle les autorités camerounaises et toutes les organisations et bonnes volontés à travers le monde à soutenir cette femme victime de ce cas flagrant de violence faite aux femmes dans laquelle une citoyenne se retrouve en situation dégradante et humiliante en Mauritanie.